DIYAUTO ORCHESTRA (di-yo-to or-kes-tra) est un projet d’installation immersive porté par l’artiste visuel Simon Lazarus en collaboration avec le musicien S8jfou. Il est composé d’une fresque audiovidéo générative et d’un archipel de mini sculptures-instruments en biomatériaux permettant au public d’interagir avec l’image et le son.
L’idée est de faire dialoguer des objets vivants (micro-organismes) avec des programmes vivants (code génératif).
PRESENTATIONS
Simon Lazarus 84 s’est forgé dans le graffiti parisien au début des années zéro. Il expérimente désormais de nouveaux territoires plastiques via l’utilisation des technologies ( hi & low ) et du numérique. Adepte du hacking au sens large - on comprend ici détournement d’usage/explorimentation/parasitage - il arpente les paysages de la culture maker pour y glaner des outils et savoirs-faire et donner naissance à des dessins, sculptures, fresques animées et installations audio-visuelles. Sa grammaire visuelle, qui gravite entre symbolisme et abstraction, s’incarne via des processus qui mettent en tension imagerie virtuelle et materialité physique. Son travail a été présenté dans des espaces d’art contemporain (Palais de Tokyo, Kommet, Aponia, Lieu Unique), des festivals d’art numérique (Scopitone, Maintenant, Astropolis, Constellation de Metz, UHfest) et des évenements de mapping en France et à l’étranger : Fête des lumières de Lyon, Sharjah Light Festival (Emirats Arabes Unis), Cilac (Chine), MappMontreal (Canada) et le Vidéo-mapping festival de Lille en 2023 où il a reçu le Grand Prix du Jury.
S8jfou (Suis-je fou) est artiste et musicien autodidacte. En 2017, il achète un terrain en montagne pour fuir les grandes villes et la civilisation et construit une cabane de 8m2 pendant 8 mois. De là-bas, il crée la plupart de ses musiques. Fasciné par les synthétiseurs et le matériel informatique, S8jfou a réalisé son deuxième album uniquement avec du matériel hardware. Après avoir terminé sa cabine, il décide de supprimer le plastique de sa vie et notamment celui des instruments de musique. Il a alors vendu presque tout, sauf les synthés dont il avait besoin pour jouer en live. Il a l’envie de rendre la musique numérique gratuite et en libre accès pour la partager avec la planète. Construire de nouveaux outils sans dépenser d’argent et sans produire des déchets en plastique ou en métal rare, et les partager gratuitement avec le monde entier le rend heureux.
FEATURING
En 2022 nous avons débuté un cycle de résidences afin de produire une performance audio-visuelle appellée Op.Echo pour la tournée du nouvel album éponyme de S8jfou. La première s’est déroulée en juin 2023 à Brest et nous tournons le live depuis.
SYNOPSIS
Le visiteur entre dans un espace sombre. Sur les murs glisse lentement un cortège de formes colorées parées de textures
animées. Une nappe sonore baigne l’espace. Quelques notes de musique éclosent à sa surface par intermittence. Au sol, plusieurs stèles sont disposées, éclairées par le haut. Posée dessus trône une collection d’objets hybrides faits
d’assemblage de bois, métal, d’électronique et de biomatériaux. Des diodes clignotent. Des potars transpirent. Des
microchampignons poussent. On reconnaît des formes qui rappellent les jeux d’éveil, de construction, le Memphis design,
les jouets antistress.
Le public, invité à les manipuler, va réaliser que ces chimères électro-organiques vont déclencher des événements
audiovisuels. Libre à chacun de s’assoir sur un pouf, de s’allonger dans un hamac pour se laisser flotter ou bien de
tenter d’apprivoiser cette flore étrange le temps d’un buff audiovisuel.
Direction esthétique
Le vocabulaire plastique se situe dans la continuité de notre travail sur le live-AV OP.ECHO.
On y contemplera la construction continue d’une fresque animée comme un carnaval en constante évolution où les formes, les sons, les couleurs, les notes, les motifs et les mouvements viendront s’entrelacer dans une danse hypnotique tendant
vers la synesthésie.
La fresque vidéo montrera un défilé de formes évoquant l’art ciéntique, les early computer graphics, le graffiti contemporain.
https://quantum.art/collection/gamut93
La pièce sonore s’appuiera sur les recherches récentes de S8jfou autour de la musique générative, à l’image de son
projet «FRIEND», où il crée un programme-track-instrument.
L’archipel de sculptures-instruments combinera le savoir-faire de S8jfou en matière de synthétiseurs DIY,
des volumes produits par Simon Lazarus ces dernières années et ses recherches en biomatériaux vivants. On mélangera impression 3D, découpe laser, métal,
bois, bioplastique, mycélium, et circuits imprimés. À l’instar du crcuit-bending on assumera la connectique et l’électronique
ne sera pas cachée.
L’objectif est de trouver un équilibre entre création plastique, recherche en biomatériaux et
célébration du D.I.Y. tout en instaurant un rapport ludique avec l’objet : à quel geste les sculptures vont-t-elles répondre
et quel événement son/image vont-elles produire ?
It’s alive, it’s a live.
L’enjeu créatif est de penser la fresque audiovisuelle comme une pièce autonome pouvant soit évoluer seule,
soit être augmentée par le jeu du public explorateur.
Les instruments seront composés de deux familles : ceux qui feront varier la probabilité qu’un élément aléatoire
se déclenche et ceux qui produiront un effet directement.
Le Dr. Clara Rigaux, spécialiste des interactions humains-machines, travaillera avec nous à la conception d’un
programme permettant de générer, d’après les évolutions sonores, la création aléatoire de formes qui seront
assemblées avec des librairies d’éléments graphiques et de textures génératives. Le son et l’image entreront
alors en résonnance et tisseront une trame autonome qui réagira aux impulsions midi des instruments pris en
main par le public.
La formule «D.I.Y» est ici à la fois un mode de fabrication (des matériaux, des contrôleurs, du software) et
une injonction à nos amis qu’ils soient en chair et en os ou en octets.
Débrouillez-vous ! Faites le vous-même (-:
Bio-hacking
Depuis quelques années une communauté planétaire partage en ligne des techniques de fabrication de
matériaux vivants, principalement à destination de designers. Ces techniques sont généralement abordables,
reproductibles avec des moyens G.I.Y (grow it youtself) et produisent des matières périssables/compostables.
On utilisera du bio-plastique et du mycélium pour fabriquer les sculptures-contrôleurs.
Bio-plastique : en mélangeant un produit gélifiant (hagar-hagar, gélatine, pectine...) et de la glycérine, on
obtient une base semblable à une résine qui peut prendre différentes couleurs (en ajoutant des pigments ou
colorants alimentaires), aspect (mat, tranlucide) ou consistance (solide, flexible) en fonction des différents
dosages. Généralement moulé ou travaillé en feuille, ce matériau est amené à se transformer en fonction des
conditions hydrométriques et à évoluer au fil des jours et des semaines. En étant mélangé à des ingrédients
supplémentaires -charbon, mousse, sable, béton- on peut obtenir un grand nombre de variations visuelles et de
propriétées structurelles, ce qui en fait un materiau passionnant pour la création de volume.
Mycélium : en mélangeant des spores de champignons avec un substrat d’origine végétale (broyat de bois ou de
paille), on obtient un mélange que l’on peut venir tasser dans un moule. En quelques jours, les spores tissent
des filaments et viennent encercler les particules végétales pour s’en nourrir, venant totalement remplir le
moule. Après séchage on obtient un matériau nuageux très solide, léger, et résistant à l’eau et au feu.
Le choix de ces matériaux découle à la fois d’un enthousiasme à les travailler et à les diffuser, d’un rejet du
tout-plastique, et d’un statement poétique sur l’alchimie entre molécules vivantes et pixels sous algorythme.